Nous avons appris le décès de notre amie, le Professeur Colette Chiland, par Michel Wawzryniak, Président de la Société Française de Psychiatrie de l’enfant, de l’adolescent et des disciplines associées (SFPEADA), dès l’ouverture du Congrès de l’IACAPAP (Association Internationale de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et Professions Associées) à Calgary (Canada). Vous lirez plus loin l’intégralité du chaleureux message de notre collègue, Hervé Benhamou, également membre éminent du Comité de Rédaction de Perspectives Psy.

Pour ma part, avant que notre Revue lui consacre un hommage particulier, je me limiterai à évoquer mon témoignage d’admiration et de reconnaissance à celle qui, dès nos années d’Internat des Hôpitaux, sut transmettre, aux côtés de René Diatkine et Serge Lebovici, à plusieurs générations successives, la clinique psychopathologique en Psychiatrie infanto-juvénile ainsi que la formation en Psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent, en sa qualité de membre titulaire formateur de la Société Psychanalytique de Paris (SPP).

Elle-même, élève de Daniel Lagache, avait précocement, en tant qu’agrégée de Philosophie, puis de Professeur de Psychologie et de Psychopathologie à la Sorbonne, fait bénéficier, dans son enseignement magistral, de sa formation de médecin psychiatre auprès de nombreux Psychologues.

Lorsque parut son ouvrage princeps, « L’enfant de six ans et son avenir » (Chiland, 1992), issu de ses travaux dans le cadre du Centre Alfred Binet dans l’Association de Santé Mentale du 13^e arrondissement de Paris, nous fûmes nombreux à intégrer l’apport de ses recherches dans notre propre exercice, notamment dans la dimension de la prévention primaire, secondaire, lorsque les troubles des enfants commencent à se manifester, et aussi tertiaire, lorsque les manifestations psychiatriques mobilisent soignants et pédagogues. Je vous encourage à lire ou relire l’Éditorial que Colette avait accepté de publier en 2005 dans nos colonnes à propos du problème, toujours d’actualité, des redoublements scolaires dans les classes primaires aussi bien que secondaires : « Lettre à tout Ministre de l’Éducation nationale, présent ou à venir » (Chiland, 2005).

Sept ans plus tard, en 2012, répondant aux sollicitations de la Fédération Française de Psychiatrie (FFP), nous lui avons proposé de présenter ses réflexions sur la formation des psychiatres à la psychothérapie. Nous lui avions demandé de faire porter son attention sur le dépassement d’épistémologies locales et cloisonnées. Sa réponse fut : « Pour une méta-théorie de la psychothérapie ». S’il est un texte dont il faut recommander la lecture à tout psychothérapeute en formation et aux autres c’est bien celui-là. Quelle que soit la formation initiale, Colette Chiland insiste sur l’expérience ineffable que peut représenter cette formation intersubjective rigoureuse (Chiland, 2012).

L’année suivante, en 2013, c’est bien à Perspectives Psy que notre amie fit part de l’engagement d’« Un psychanalyste dans la tourmente autour du sexe, du genre et de la sexualité ». Elle relate quel fut son étonnement de recevoir un petit garçon lui faisant part de son désir de devenir fille. Toute la réflexion de Colette Chiland fut de montrer la place et les limites du psychanalyste (Chiland, 2013). On sait à quel point l’ont exposée ses travaux cliniques très élaborés sur le transsexualisme dont elle a été une pionnière dans notre pays et internationalement.

Est-ce à notre Revue que le Professeur Colette Chiland a voulu confier une partie de son testament ? Toujours est-il que : « Parler clair et raison garder sur la question du genre », paru en juin-juillet de cette année constitue un véritable guide à l’usage, sans qu’elle s’en doutât, du Vatican et du ministère de l’Éducation nationale… (Chiland, 2016).

Nous n’avons pas abordé l’implication de notre regrettée Colette dans les différents Symposiums et Colloques internationaux organisés par Perspectives Psy et le Groupe de Psychiatrie, Psychologie et Sciences sociales (GEPPSS), aux États-Unis notamment, il y a bien des années, non plus que le Congrès de l’IACAPAP de 1986 qu’elle présida de façon si brillante à Paris, sans lequel celui de 2012, présidé de nouveau par elle également à Paris, n’aurait pas pu voir le jour.

Nous présentons à Simone, sa sœur, et à toute sa famille, les sincères condoléances du Comité de Rédaction de Perspectives Psy et de tous ses amis du GEPPSS.

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