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Perspectives Psy
Volume 52, Numéro 3, juillet–septembre 2013
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Page(s) | 259 - 268 | |
Section | Articles originaux | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2013523259 | |
Publié en ligne | 29 octobre 2013 |
Un psychanalyste dans la tourmente autour du sexe, du genre et de la sexualité
A psychoanalyst in the turmoil about sex, gender, and sexuality
Professeur honoraire de psychologie clinique de l’Université Faris Descartes, Psychiatre au Centre Alfred Binet (Association de Santé Mentale du 13e arrondissement de Paris), Membre de la Société Psychanalytique de Faris. 31, rue Censier, 75005
Paris, France.
Quand Antoine, 4 ans, entra dans mon bureau, j’étais loin d’imaginer qu’il allait me faire plonger, à mes risques et périls, dans le chaudron où se concocte la culture LGBTIQ (Lesbien Gay Bisexuel Transgenre Intersexe Queer). Queer est un mot anglais qui signifiait « bizarre » et a été utilisé pour stigmatiser les homosexuels, puis repris avec fierté d’abord par les homosexuels, ensuite dans la mouvance transgenre pour caractériser une identité indifférenciée, d’aucun sexe/genre, de l’un ou l’autre, ou des deux à la fois ; on pourrait dire que, être queer, c’est se débarrasser du genre vécu comme carcan.
Antoine voulait être une fille et commença de me faire comprendre comment se construit l’identité sexuée. Freud s’était occupé de la sexualité et du sexe ; le genre identitaire n’avait pas encore été inventé. Il fut inventé en 1955 par John Money, aujourd’hui décrié. Il a connu une inflation telle qu’il finit par aboutir au déni de la réalité biologique.
Deux ans plus tôt, en 1953, Harry Benjamin avait lancé un autre terme qui fit fortune : « transsexualisme » pour désigner l’irrépressible sentiment de ne pas appartenir au sexe dans lequel on est né et à la demande de changement de sexe par une transformation hormonochirurgicale du corps.
On est ensuite passé du « phénomène transsexuel » au « mouvement transgenre » polymorphe qui aboutit à la proclamation que le choix du sexe/genre est un droit humain. Il appartiendrait à l’enfant de choisir s’il est un garçon ou une fille. Et l’on assimile la liberté de choisir son sexe à la liberté de choisir son objet d’amour sexuel.
Que peut faire un psychanalyste devant ce raz-de-marée ? Il n’a pas le pouvoir de l’endiguer, mais il peut aider à le comprendre.
Abstract
When four-year-old Antoine walked into my consulting-room, I was far from imagining that he would plunge me, at my own risk, into the cauldron in which LGBTIQ (Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender, Intersexed and Queer) culture is concocted. Queer in English has connotations of “bizarre” and was used to stigmatize homosexuals before being proudly taken up, first by homosexuals themselves, then in transgender circles as a characterization of an undifferentiated identity, with no specific sex/gender, or with one or the other, or with both simultaneously. It could be said that being queer means that one has got rid of gender, experienced as a straitjacket.
Antoine wanted to be a girl; he began to show me how one’s sexed identity is constructed. Freud had explored sexuality and issues related to sex; gender identity had not at that time been invented. It was invented in 1955 by John Money, who is so disparaged nowadays. The term became so widely used that it ended up denying biological reality.
Two years earlier, in 1953, Harry Benjamin had coined another term that really caught on - “transsexualism” - to describe the irrepressible feeling of not belonging to the sex in which one was born and the wish to change one’s sex via a hormono-surgical transformation of one’s body.
Then things moved away from the “transsexual phenomenon” to the polymorphous “transgender movement”, leading to the claim that the choice of one’s sex/gender is a human right. Every child has the right to choose whether to be a boy or a girl. The freedom to choose one’s sex is put into the same category as that of choosing one’s object of sexual love.
What can psychoanalysts do in the face of such a tidal wave ? They have no power to stem it, but perhaps they can make it easier to understand.
Mots clés : sexe / genre / sexualité / identité / transsexualisme / psychanalyse / droits humains
Key words: sex / gender / sexuality / identity / transsexualism / psychoanalysis / human rights
© GEPPSS 2013
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