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Perspectives Psy
Volume 50, Numéro 1, janvier-mars 2011
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Page(s) | 14 - 15 | |
Section | Instabilité et déficits d’attention | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2011501014 | |
Publié en ligne | 24 mai 2011 |
Avant-propos : Instabilité et déficits d’attention
Foreword: Instability and attention deficits
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, GH Pitié-Salpêtrière, Paris France
Les textes rassemblés dans ce dossier permettront aux lecteurs de réinterroger les notions d’instabilité et de suivre l’état actuel des questions cliniques relatives aux déficits attentionnels. Des points de convergences psychopathologiques apparaissent tandis que le dossier se fait l’écho de perspectives nouvelles, génétiques, psychanalytique, cognitives. La première section du dossier intitulée « Perspectives croisées » s’ouvre par un texte de Bertrand Welniarz qui revisite l’histoire des concepts d’instabilité psychomotrice et de trouble déficitaire de l’attention-hyperactivité (TDAH). On s’aperçoit d’emblée que les débats étiopathogéniques entre organogenèse et psychogenèse n’ont pas varié au cours des deux dernières décennies tandis que les cliniciens se rejoignent sur les descriptions cliniques (Mille, 1994). Sara Bahadori et Diane Purper-Ouakil nous introduisent ensuite dans l’univers complexe de la génétique du TDAH, notamment celui des études contemporaines sur les variations du nombre de copies de certaines portions du génome (copy number variation, CNV). Leur revue de la littérature scientifique récente poursuit la réflexion en cours sur deux notions différentes : héritabilité et causalité génétique (Gonon, 2011). Par la suite, plusieurs textes émanent de la pratique d’une consultation spécialisée au Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière. Mise sur pied il y a trois ans, intégrant clinique-enseignement-recherche, la Clinique de l’Attention regroupe une équipe multidisciplinaire associant psychiatre, psychiatre-psychanalyste psychomotricien et neuropsychologue. À partir de l’observation clinique, et suivant les pistes ouvertes par Lacan, Agnès Condat renouvelle la réflexion psychanalytique sur l’instabilité psychomotrice. Elle propose que l’enfant avec TDAH, pris dans un déséquilibre l’emmenant hors du champ de la relation, ne peut se tenir comme sujet parlant et soutenir le rapport au manque dans un ordre symbolique. À distance du débat étiopathogénique, et soutenant l’individualisation des processus cognitifs, Jean-Marc Guilé nous invite à lire les perturbations reliées aux troubles attentionnels et à l’instabilité psychomotrice sur trois plans, neuronal, cognitif et psychique. En lien avec le travail de Berger et Ferrant (2003), cette position dépasse l’opposition entre organogenèse et psychogenèse pour rendre compte de la diversité de la clinique, résultant de fonctionnements diversement altérés sur chacun des trois plans.
Le temps du débat passé, la seconde section du dossier intitulée « Diagnostic et prise en charge » offre aux cliniciens, sans être exhaustif, des éléments cliniques et pratiques pour la prise en charge du TDAH. Tania Abou-Abdallah expose une mise à jour de la démarche diagnostique tandis que Brigitte Forgeot, Delphine Bonnet et Thierry Jacquin précisent les apports du bilan neuropsychologique au diagnostic de TDAH et à sa prise en charge. Dans ces deux articles, la question est posée de la pertinence de mieux repérer un sous-groupe d’enfants chez lesquels les perturbations attentionnelles sont présentes au bilan neuropsychologique et repérables très précocement. Viennent ensuite trois textes relatifs à la prise en charge. Clémence Guilé et Ingrid Zammouri font le point sur l’abord du TDAH par la psychomotricité, synthèse bienvenue sur le sujet car la littérature disponible est restreinte, limitée à des monographies ou aux travaux d’une seule équipe. Un champ vierge d’études empiriques s’offre aux chercheurs cliniciens. Brigitte Forgeot, Jean-Marc Guilé et David Cohen exposent la théorie et un exemple clinique de remédiation cognitive assistée par ordinateur, une thérapie émergente du trouble déficitaire de l’attention. Une étude comparative est en cours à la Clinique de l’Attention et les résultats sont attendus avant la fin de l’année. Nous republions ensuite le travail de Bertrand Welniarz et Bertrand Lauth sur le traitement médicamenteux. Paru en 2004 dans un dossier de pharmacothérapie, il demeure d’actualité et pose bien le caractère multimodal et intégré de la prise en charge du TDAH. Enfin, Christophe Huynh et Philippe Mazet regardent l’estime de soi chez des enfants ayant un trouble déficitaire de l’attention-hyperactivité. Ils confirment la chute du sentiment de compétence sociale chez ces enfants tout en attirant notre attention sur le risque narcissique chez certains jeunes manifestant une surestimation défensive de soi. En lien avec l’étude mentionnée, l’analyse de l’impact du traitement sur l’économie narcissique est en cours.
Références
- Berger M., Ferrant A. (2003). Le travail psychanalytique dans la prise en charge des troubles spécifiques d’apprentissage. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 51, 212–222. [CrossRef] [Google Scholar]
- Gonon F., Cohen D. (2011). Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité : la génétique est-elle impliquée? Med Sci (Paris), 27, 315–317. [CrossRef] [EDP Sciences] [PubMed] [Google Scholar]
- Mille C. (1994). Instabilité psychomotrice In P. Ferrari, C. Epelbaum (Eds), Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (pp. 203–224). Paris : Flammarion. [Google Scholar]
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