La fonction méconnue de passeur des soignants

The unrecognised role of the carer as go-between

Psychologue clinicien, Service de Médecine Intensive Réanimation CHU Amiens-Picardie

^* francois.thomas@gmx.fr

Résumé

Au cours des dernières décennies, le rapport à la mort a changé entraînant de nouvelles conditions du mourir. La mort, autrefois insérée dans la société et objet de marquages sociétaux (port d’habits noirs, restrictions et aménagements des rapports sociaux et loisirs), est devenue cachée, mais surtout médicalisée et objet d’un « traitement symptomatique » pour la cantonner à la résolution aseptisée de la vie. Le mourir est aujourd’hui nommée pudiquement fin de vie.

La société n’endosse plus non plus de rôle protecteur dans le processus de deuil (veillée funéraire, rites), poussant les endeuillés à la création de leurs propres repères et intronisant les professionnels présents à cette étape de la vie à amorcer le processus de deuil des proches : les soignants et les agents du funéraire.

Abstract

Throughout the last decades, our relationship with death has changed, giving rise to new approaches to the act of dying. Death, previously embedded in society and the object of social indicators (the wearing of black, restrictions and modifications in social and leisure relations) has become not only hidden but more especially medicalised and the object of “symptomatic treatment” in order to confine it to the sanitised full-stop to life. Dying is today discreetly called end of life.

Neither does society any longer assume the role of protector in the mourning process (funeral wake, rituals), forcing those grieving to create their own reference points and enlisting those professionals present during this stage of life to take part in the initiation of grieving family and friends into the mourning process: carers and funeral agents both.