Le recours à l’acte (version Balier) : un processus sans sujet régi par l’identification projective à l’agresseur

Recourse to acting out (from Balier): A subjectless process governed by projective identification with the aggressor

Psychologue, Professeur de Psychologie clinique et de psychopathologie à l’Unité Transversale de Recherches : Psychogenèse et Psychopathologie (UTRPP – EA 4430), Université Paris 13, Villetaneuse, Sorbonne Paris Nord, Membre du CILA, co-responsable du collège de Psychopathologie au sein de la SFPEADA, ancien expert judiciaire

^* chagnon@univ-paris13.fr

Résumé

L’article expose et illustre à travers deux cas cliniques le modèle dit Balier du « Recours à l’acte ». Il s’agit d’une différenciation heuristique entre passage à l’acte et recours à l’acte. Le passage à l’acte opère par un glissement du fantasme à sa réalisation actuelle, par incapacité de retenue/répression ou surcharge d’excitation. Le recours à l’acte ne relève pas du désir mais procède d’une violence d’essence narcissique mise en place pour échapper à une menace d’inexistence proche de la psychose. Les deux ont des fonctions défensives contre des angoisses : dépressives dans le passage à l’acte, d’annihilation par retour traumatique proche de la psychose dans le recours à l’acte. A travers deux exemples issus de sa clinique expertale J-Y Chagnon complète ce modèle en montrant comment les phénomènes d’identification projective à l’agresseur, directe ou croisée, sous-tendent les processus à l’œuvre, processus dès lors sans sujet.

Abstract

Using two case studies as illustration this article examines the so-called Balier model of “recourse to acting out”. It deals with a heuristic differentiation between the actual acting out process and recourse to acting out. The process of acting out operates by means of the shifting of fantasy into the realm of reality, by the incapacity to hold back/repress or a surcharge of agitation. Recourse to acting out does not stem from any wish but is born of an essentially narcissistic violence put in place in order to escape from the threat of inexistence bordering on psychosis. They both function as a defence against forms of anxiety: depression in the case of actual acting out, annihilation through traumatic return bordering on psychosis in the case of recourse to acting out. Through these two examples taken from his clinical work as an expert J-Y Chagnon completes this model by showing how the phenomena of projective identification with the aggressor, direct or crossed-over, underlie the processes at work, therefore of necessity subjectless.