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Perspectives Psy
Volume 52, Numéro 3, juillet–septembre 2013
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Page(s) | 252 - 258 | |
Section | Articles originaux | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2013523252 | |
Publié en ligne | 29 octobre 2013 |
Les expériences de mort imminentes lors du coma
Near-death experiences in coma survivors: posttraumatic syndrome or taming reality?
Psychiatre, Service de Psychiatrie et de Psychologie Clinique, Hôpital d’Instruction des Armées Legouest, 27, avenue de Plantières, BP 90001, 57077
Metz Cedex 3, France
Certains sujets ayant souffert d’un état de mort clinique apparente et ayant été ressuscités par les techniques réanimatoires confient une version stéréotypée de leur bref passage par l’au-delà. La perception d’un tunnel, le retour accéléré des expériences biographiques, les impressions de dépersonnalisation et la sensation d’être inondé de lumière sont des éléments classiques qui définissent les expériences de mort imminente (EMI). Ces EMI sont retrouvées dans environ 10 % des arrêts cardio-circulatoires ressuscités sans qu’il ait été possible de déterminer des facteurs de risque ou des éléments physiopathologiques clairs qui expliqueraient ces expériences. Paradoxalement à l’objectivité de la situation critique vécue, le sujet ressent classiquement un immense sentiment de joie baignant tout son psychisme dans la tranquillité. Au sens psychopathologique, si des éléments dissociatifs sont retrouvés essentiellement via la dépersonnalisation, ces derniers ne préjugent nullement d’un état de stress post-traumatique subséquent. Sans considérer une répétition traumatique, l’EMI est relatée avec une grande constance au cours du temps comme témoignage de stabilité d’un épisode biographique dont la remémoration ne génère pas de souffrance psychique. La question de l’EMI comme événement traumatique se pose mais la clinique même de l’expérience et ses conséquences psychopathologiques ne confortent guère cette hypothèse. Et pourtant quel autre événement objectif et subjectif que la mort elle-même éprouvée et nommée comme telle « mort récupérée », pourrait-il mieux rendre compte d’un mécanisme traumatique ? Certainement l’expérience de mort imminente est le ressenti d’un passage inédit entre la vie et la mort. S’agit-il sur le coup d’une surprésentation de la mort et donc d’une tentative ultime de représentation du réel ? Est-ce après-coup l’accès à une vision plus philosophique de l’existence marquée par une nécessité de spiritualité ? L’EMI semble être la conjonction d’un état de conscience atypique induit par les conséquences neurophysiologiques d’un passage pre-mortem. Il apparaît finalement que ce phénomène échappe aux référentiels classiques de névrose et de psychose pour constituer un cadre clinique singulier.
Abstract
Some subjects who had suffered a state of apparent clinical death and were resuscitated using resuscitation techniques tell a stereotyped version of their brief near-death experience. The perception of a tunnel, a life review, the impression of depersonalisation and the feeling of being flooded in light are a few classical aspects which define near-death experiences (NDE). These NDE are observed in approximately 10% of patients resuscitated after cardio-circulatory arrest without it being possible to determine the risk factors or clearpsychopathological elements which would explain these experiences. Paradoxically to the objectivity of the critical situation experienced, the subject classically experiences an immense feeling of joy bathing their entire psyche in tranquillity. In the pathological sense, if dissociative elements are essentially found through the depersonalisation, the latter in no way prejudges a subsequent state of post traumatic stress. Without considering a traumatic repetition, the NDE is told with great consistency over time as evidence of the stability of a biographical episode of which the recollection does not cause psychic suffering. The question of the NDE as a traumatic event must be asked but the actual clinical circumstances of the experience and its psychopathological consequences hardly consolidate this hypothesis. And yet what other objective or subjective event than death itself experienced and named as such “recovery from death”, could be better to understand a traumatic mechanism? Certainly the near-death experience is felt as an unknown transition between life and death. Is it at the time an over-presentation of death and therefore an ultimate attempt to represent reality? Is this afterwards access to a more philosophical view of life marked by a need for spirituality? The NDE seems to be in conjunction with an atypical state of consciousness induced by the neurophysiological consequences of a near-death encounter. Finally it seems that this phenomenon eludes the classic frame of reference of neurosis and psychosis to constitute a specific clinical context.
Mots clés : expériences de mort imminente / troubles dissociatifs / stress psychologique / troubles de stress post traumatiques / physiopathologie
Key words: near-death experiences / dissociative disorders / psychological stress / post traumatic stress disorders / physiopathology
© GEPPSS 2013
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