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Perspectives Psy
Volume 44, Numéro 1, janvier-mars 2005
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Page(s) | 14 - 30 | |
Section | Dossier | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2005441014 | |
Publié en ligne | 15 janvier 2005 |
Psychiatries « transes-culturelles »
Président de Psychiatrie Sans Frontières, Pédopsychiatre, Anthropologue Polyclinique Ney, Service du Pr Guedeney, Hôpital Bichat-Claude Bernard 124, bd Ney, 75018 Paris, France.
Psychiatrie transculturelle, ethnopsychiatrie, psychiatrie sociale et communautaire se sont développées au cours du XXe siècle en réaction à l’emprise très forte qu’avait pris le modèle anatomoclinique en psychiatrie. Se nourrissant des travaux de l’anthropologie sociale et culturelle et se fondant sur la méthode comparative, ces mouvements s’inscrivaient dans le cadre plus large, politique, d’une revendication identitaire et d’une reconnaissance de l’altérité. En revisitant l’œuvre des pionniers que furent Louis Mars, Roger Bastide, Henri Collomb, qui se penchèrent dès le départ sur le phénomène fondateur de la transe, nous nous apercevrons que la plupart en viendront à remettre en cause le dogme de l’universalité de classifications et de pratiques psychiatriques élaborées en occident. Ils allaient parallèlement s’interroger sur la valeur des médecines traditionnelles qui, sous-tendues par une vision holistique de l’homme, semblent bien éloignées d’une science médicale rétive à tout ce qui touche à l’irrationnel, au religieux, à la transcendance. Témoins de l’effondrement des sociétés traditionnelles, ils s’inquièteront des effets potentiellement dévastateurs de l’acculturation, ou mieux de la déculturation des populations du tiers-monde. Face aux nouvelles menaces que constituent l’anomie, ou la « mort socio-somatique », ils invitent finalement le psychiatre à un effort de « transculturation », afin de construire un nouvel art clinique (la « sociatrie » ?), capable de créativité et d’ouverture à d’autres conceptions de la maladie mentale et de ses rapports avec l’environnement social et culturel dans lequel elle prend corps.
Abstract
Transcultural psychiatry, ethnopsychiatry, social and communal psychiatry were developed during the Twentieth century in reaction to the strong foothold taken by the anatomoclinical model in psychiatry. Nourished on social and cultural studies and based on the comparative method, these movements are inscribed in the larger, political, framework of the claim for an identity and recognition of “otherness”. When reviewing the works of the pioneers represented by Louis Mars, Roger Bastide, and Henri Collomb who, right from the start, examined the fundamental phenomenon represented by trance, we realise that most of them actually query the dogma of the universality of the classifications and psychiatric practice in the Western world. In parallel, they also question the value of traditional medicine which, based on a holistic image of Man, appears far removed from a medical science, suspicious of anything that concerns the irrational, the religious, the transcendency. Witness to the collapse of traditional societies, they concentrate on the potentially devastating effects of aculturation or, even more, on the deculturation of the third-world populations. Faced with the new threats represented by anomy or “social-somatic” death, they invite the psychiatrist to make a “transculturation” effort so as to construct a new clinical art (“sociatrics” ?), capable of creativity and open to alternative conceptions of mental diseases and their relationship with the social and cultural environment from which they stem.
Mots clés : psychiatrie transculturelle / ethnopsychiatrie / psychiatrie sociale / transculturation / sociatrie
Key words: transcultural psychiatry / ethnopsychiatry / social psychiatry / transculturation / sociatrics
© EDK, 2010
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