Claude Balier, psychiatre, psychanalyste, nous a quittés le 18 mai 2013. Dans ce numéro où sa réflexion est largement convoquée, nous avons souhaité rendre un bref hommage à l’homme et à son œuvre, animés l’un et l’autre par un immense et précieux intérêt pour ce que Claude appelait, simplement, « la qualité de la relation humaine ».

Né à Fécamp en 1925, Claude Balier appartient à cette féconde génération de jeunes psychiatres hospitaliers d’après-guerre, qui voulaient transformer profondément la pratique de la psychiatrie en l’humanisant et en la nourrissant de l’approche psychanalytique de la vie psychique.

Interne en psychiatrie dans le service pilote de Paul Sivadon, à Ville-Evrard, puis psychiatre à La Charité sur Loire de 1959 à 1963, il rejoint ses amis Serge Lebovici, René Diatkine et Philippe Paumelle, fondateurs en 1958 de l’Association de Santé Mentale du 13^e arrondissement de Paris (ASM 13), tout en entamant à 39 ans une analyse avec Evelyne Kestemberg, à la Société Psychanalytique de Paris, dont il deviendra membre.

Claude Balier participe très activement en 1963 à la création de l’Association de gérontologie et de ses diverses structures de soins, liées à l’ASM 13. Il devient l’un des principaux acteurs du renouvellement de la géronto-psychiatrie en France ; privilégiant avec ses collaborateurs une approche pluridimensionnelle, et psychodynamique, du vieillissement, Claude Balier insiste sur les modifications de l’économie libidinale narcissique que ce vieillissement produit.

À 52 ans, il choisit de quitter Paris. Chef du service médico-psychologique régional (SMPR) de la maison d’arrêt de Varces près de Grenoble, Claude Balier devient « un psychanalyste en prison » ; il le reste jusqu’à la fin de sa carrière, et poursuivra longtemps après ses recherches théorico-cliniques, en lançant les fondements d’une importante psycho-criminologie psychanalytique. Auprès des délinquants et des criminels comme auprès des vieillards, la pratique clinique qu’il invente comme psychiatre-psychanalyste, répond à trois préoccupations majeures : aller activement à la rencontre de sujets sans demande, comprendre ces pathologies spécifiques où le recours à l’acte prend souvent face à l’angoisse d’anéantissement chez les plus violents d’entre eux la fonction psychique d’une ultime tentative de sauvegarde, et soigner la personne, au-delà de l’acte commis. Le traitement, que le psychanalyste s’efforce de mener de « regard à regard », au plus près du transfert dans un « partage affectif » seul à même de rendre possible la rencontre, exige parallèlement l’action thérapeutique de l’ensemble de l’équipe de soins, indispensable pour réduire le clivage massif chez ces sujets.

Fondateur en 1996 de l’ARTASS (Association pour le Recherche et le Traitement des Auteurs d’Agressions Sexuelles) dont il est resté Président d’honneur, désireux de transmettre son expérience, Claude Balier laisse de nombreux articles et ouvrages, qui éclairent « l’humanité de l’inhumain », selon le titre de la préface d’André Green à La violence en abyme. Ils sont autant de témoins, à relire et travailler, de l’humanité de Claude, de son esprit d’ouverture et de sa générosité, à partager.

Références

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