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Perspectives Psy
Volume 58, Numéro 2, avril-juin 2019
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Page(s) | 164 - 170 | |
Section | Tribune libre | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2019582164 | |
Publié en ligne | 30 juillet 2019 |
Entre psychiatrie et radicalisation : une relation prudente et attentive
Between psychiatry and radicalization: a careful and careful relationship
Président de la Fédération Française de Psychiatrie (FFP), 26, boulevard Brune, 75014 Paris, France
* president@fedepsychiatrie.fr
La radicalisation met les sociétés démocratiques au défi de ne pas s’identifier à l’agresseur. La psychiatrie est interpellée en milieu libre ou en prison pour répondre à des situations qu’elle considère comme relevant rarement de sa compétence.
Face à la radicalisation extrême avec sa violence dévastatrice, la psychiatrie doit s’en tenir à sa mission thérapeutique dans le respect des principes fondamentaux comme le secret médical et l’indépendance professionnelle, sans pour autant se tenir en retrait de la société. Un arsenal clinique, thérapeutique, éthique, organisationnel et juridique permet une intervention et un signalement lorsqu’une situation potentiellement dangereuse est repérée. Le risque le plus grand consisterait à abolir la sécurité et la pertinence d’un contexte soignant au détriment de tous du fait d’une minorité en donnant l’impression de céder à une panique qui ne pourrait que ravir ceux qui s’opposent aux principes démocratiques. Si l’opinion publique, à laquelle semble s’identifier le pouvoir politique, considère que les actes terroristes et notamment « suicidaires » ne peuvent être que le stigmate de la folie, les psychiatres identifient peu de malades mentaux parmi les personnes dites radicalisées. La psychiatrie, et notamment la pédopsychiatrie, interviendra, comme pour tout autre patient, de manière adaptée et proportionnée, continuant la réflexion soutenue, mais discrète engagée par le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH), l’Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP) et la Fédération Française de Psychiatrie (FFP) depuis des années conformément à la phronesis aristotélicienne définie comme de la prudence.
Abstract
A major conundrum related to radicalization is that democratic societies are challenged to not identify themselves to the attacker. Psychiatry is called upon, in free society or in prison environment, to react in situations that are rarely relevant to its field.
Faced with extreme radicalization and its devastating violence, psychiatry must stick to its therapeutic mission while respecting fundamental principles such as the privileged communication and the professional independence. In the meantime, psychiatry cannot withdraw from society. A clinical, therapeutic, ethic, organizational and juridical arsenal allows an intervention and a report when a potentially dangerous situation is detected. The biggest risk would be to give up the security and pertinence provided by a medical environment in favor of a panic generated by a minority. This panic would then please the ones who are against democracy.
Public opinion, to which political power seems to relate to, believe that terrorist actions and especially suicidal ones are a symptom of insanity. However, among radicalized individual, psychiatrists identify very little ones with mental illness. Psychiatry, and especially child and adolescent psychiatry, will occur necessarily in an adapted and proportionate manner, as it would for any other patient. This will thereby pursue the ongoing, but discrete, reflection supported by professional psychiatric organizations for many years, in compliance with the Aristotelian phronesis defined as of prudence.
Mots clés : secret médical / dangerosité / terrorisme / gestion des dangers / signalement en cas de violence / prudence
Key words: privileged communication / dangerous behavior / terrorism / safety culture / reporting abuse / caution
© GEPPSS 2019
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