Entre exil et prison

La paternité comme impasse généalogique

Between exile and prison: the paternity as genealogical impasse

¹ Maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie, Université d’Angers. 11, boulevard Lavoisier, 49 000 Angers, France
² Psychologue, Psychothérapeute, Groupe hospitalier du Havre, 76600 Le Havre, France

^* claudine.combier@univ-angers.fr
^** karine.clech@ch-havre.fr

Résumé

Nous proposons dans cet article de réfléchir aux effets de répétition entre et à travers les générations liées à la part d’ombre logée dans l’héritage. Nous verrons comment, dans le cadre de la clinique carcérale, la situation de rupture sociale engage une expérience de « désaffiliation » qui entre en écho avec les blessures de la filiation. Notamment, en nous appuyant sur la rencontre clinique avec Alban, nous pointerons en quoi le « devenir père » en prison est venu réveiller chez lui la honte liée à l’expérience de l’exil, et l’a conduit à revisiter les liens l’attachant à sa lignée. Ce sera l’occasion d’observer comment il se trouve avant tout prisonnier d’une mémoire entachée par l’indicible, qui le laisse aux prises avec une souffrance léguée par ceux qui l’ont précédé.

Abstract

The authors explore the repetition effects between and across generations which are related to the dark side of family inheritance. In prison, the social breakup leads to an experience of « disaffiliation », echoing injuries within filiation. The clinical vignette illustrated how « becoming a father in prison » uncovered the shame associated with the experience of exile and led to revisiting the attachment bonds within the lineage. The individual appeared as surrounded by unspeakable memories and left struggling with sufferings handed down from the parents.