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Editorial
Numéro
Perspectives Psy
Volume 63, Numéro 2, Avril-Juin 2024
Page(s) 99 - 100
Section Éditorial
DOI https://doi.org/10.1051/ppsy/e2024-40035-5
Publié en ligne 9 octobre 2024

Le 23 avril dernier, la SFPEADA (Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et Disciplines Associées) a organisé une journée de débat sur l’avenir de la pédopsychiatrie en France, qui s’est tenue au ministère de la Santé, en présence du ministre délégué à la santé Frédéric Valletoux, pour une partie de la matinée.

Cette journée était articulée autour de la remise d’un rapport reposant sur un travail scientifique réalisé dans le courant de l’année 2023. Ce travail s’est déroulé en quatre phases :

  1. entretiens avec des personnes qualifiées (c’est-à-dire connaissant le système de soins pédopsychiatrique français et bénéficiant d’une expérience d’un système de soins étranger, d’une expérience personnelle en tant que parent de malade ou de l’exercice d’une profession ou d’une activité associative ouverte sur les questions de santé publique) ;

  2. consultations avec des corps intermédiaires (associations de professionnels susceptibles d’interagir avec le domaine de la santé mentale des enfants et des adolescents, les syndicats de ces mêmes catégories de professionnels, les sociétés scientifiques des disciplines correspondantes, les associations de parents, etc.) ;

  3. analyse thématique du corpus ainsi obtenu ;

  4. discussion de chacun des 113 points issus de cette analyse thématique par un groupe de professionnels de la SFPEADA.

Le rapport final (disponible sur le site de la SFPEADA) pointe cinq grandes thématiques qui doivent nous aider à penser l’avenir de la pédopsychiatrie :

  1. La société : pression scolaire, crise climatique et pandémie de COVID-19 ont un impact sur la souffrance psychique des jeunes. Les concepts de maladie, handicap et identité se chevauchent.

  2. Les savoirs : ils doivent être multiples. Neurosciences, evidence based medicine (EBM), sciences humaines et sociales, psychanalyse doivent être intégrés dans les parcours de formation de tous les professionnels du domaine.

  3. Les soins : pluridisciplinaires et personnalisés. Le rapport discute des limites de l’EBM dans les soins psychothérapeutiques et de l’importance cruciale de l’implication des familles dans le processus de soin.

  4. Les soignants : l’accent est mis sur le rôle des pédopsychiatres dans le diagnostic et la coordination des soins, tout en soulignant le défi de la formation continue et de l’adaptation professionnelle face à un paysage clinique en évolution. Le partage des tâches est également appelé à être repensé.

  5. L’organisation du système de soin : ce dernier doit être structuré en plusieurs niveaux, du généraliste et de l’école jusqu’aux centres experts. La sectorisation est essentielle. Des structures non médicalisées de premier recours sont à discuter. Des réformes profondes sont sûrement nécessaires pour répondre à la saturation du système de soin.

À la suite de la présentation orale de ces éléments, une discussion a été engagée. L’API (Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénile), représentée par Christophe Libert et Claire Puybaret-Bataille, a souligné l’équilibre du rapport mais a exprimé des réserves sur plusieurs points (hétérogénéité de la formation des pédopsychiatres, accès nécessaire à des formations pertinentes). L’AJPJA (Association des Jeunes Psychiatres et des Jeunes Addictologues), par la voix de LouiseÉmilie Dumas, a globalement approuvé le contenu du rapport tout en suggérant des axes d’amélioration, notamment en ce qui concerne la distinction entre les troubles pédopsychiatriques et les problèmes de santé mentale plus larges qui touchent la société. Les tables rondes ont mis en évidence la nécessité d’une meilleure coordination entre les divers acteurs du soin, de l’éducation, et du social pour améliorer l’accessibilité et la qualité des soins. Les participants ont également souligné l’importance de l’intégration des services de santé mentale dans les écoles et de la formation continue pour les professionnels impliqués. La synthèse de la journée, menée par Jean Chambry, a insisté sur l’urgence de passer de la réflexion à l’action.

De riches échanges avec la salle ont conclu la journée qui a suscité un enthousiasme unanime. Il y a, en effet, une prise de conscience collective de la nécessité d’avancer ensemble face à l’urgence de la situation, de dépasser les clivages historiques pour construire un nouveau système de soin pédopsychiatrique. Les professionnels et les familles sont partants, aux politiques de prendre maintenant leurs responsabilités !

Liens d’intérêt

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.


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