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Editorial
Numéro
Perspectives Psy
Volume 55, Numéro 4, octobre-décembre 2016
Page(s) 213 - 214
Section Éditorial
DOI https://doi.org/10.1051/ppsy/2016554213
Publié en ligne 1 février 2017

La rumeur les disait inaccessibles ou indisponibles; les pédopsychiatres français seraient- ils, maintenant, incompétents en plus ? !

En ce début décembre, nous ne pouvons que nous insurger devant l’ingérence de certains hommes politiques qui, sous l’influence de groupes de lobbying non dénués de conflits d’intérêt, prétendent nous dicter nos modèles scientifiques théoriques et les modalités de nos pratiques de soins. L’histoire a montré que, quand le politique tente de dicter aux psychiatres ce que sont la clinique et le soin, ce n’est généralement pas bon signe !&

D’autant plus que, si on veut bien écarter tout esprit polémique, on ne peut que constater que le corpus de nos références théoriques et la variété de nos pratiques pédopsychiatriques ont constamment intégré, depuis la naissance de notre discipline, l’évolution des connaissances scientifiques& et de celle de la société dans laquelle grandissent les enfants et les adolescents auprès desquels nous avons la mission d’intervenir, à titre tant préventif que curatif.

À la HAS, les « Recommandations sur les parcours de soins » viennent maintenant remplacer les anciennes « Conférences de consensus »; des collègues participent à ces travaux qui prennent en compte la clinique contemporaine. Les pédopsychiatres sont ainsi engagés dans les travaux sur les troubles des apprentissages, comme dans ceux sur la phobie scolaire, la radicalisation, le psycho-traumatisme&

Aux approches psycho-dynamiques issues des théories psychanalytiques, la psychopathologie à laquelle nous nous référons intègre désormais, entre autres, les données issues des neurosciences (neurones miroir, rôle de l’épigenèse&), la dimension développementale (théorie de l’attachement, liens avec la neuro-pédiatrie&), les applications des sciences cognitives (entraînement aux habiletés sociales&), les théories familiales systémiques (qui utilisent l’apport de la cybernétique pour envisager une clinique de situations)&

Ces ouvertures modifient nos pratiques et, tenant compte des compétences et des ressources familiales, débouchent sur de nombreux dispositifs qui permettent de les travailler ensemble au service des patients : entretiens familiaux, éducation thérapeutique, groupes de parents, aide aux aidants, voire thérapie familiale pour permettre les adaptations et les changements intrafamiliaux à partir desdites ressources familiales.

Le foisonnement des rencontres scientifiques, journées d’échanges et formations à venir en Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent témoigne de ces préoccupations. Citons-en quelques unes.

Tout d’abord, le 20 janvier 2017, aura lieu la présentation d’un point d’étape sur la recherche « Évaluation des pratiques intégratives en unité de soins infanto- juvéniles pour des enfants présentant un autisme typique ou atypique », visant à montrer comment l’articulation des actions dans un dispositif intégratif contribue à une avancée du projet en faveur de l’enfant et de sa famille.

Puis, les Carrefours de la Pédopsychiatrie aborderont cette année (le 3 février 2017, à la FIAP) la question de « L’évaluation en CMP », les équipes étant invitées à y apporter leur témoignage selon leur lieu d’exercice et leurs expériences de terrain.

Le 6 mars 2016, la SFPEADA organise à Jussieu, sous l’égide de la FFP, une journée consacrée au Psycho-traumatisme : « L’enfance attaquée; la pédopsychiatrie face aux traumatismes collectifs », où sera en particulier évoqué le retour d’expérience de l’équipe du Pr Florence Askenazy à la suite de l’attentat de juillet 2016 à Nice.

Les Journées de Perfectionnement, réunissant au Ministère de la Santé les pédosychiatres d’exercice public sous l’égide de l’API et du Collège de Pédopsychiatrie de la FFP, aborderont cette année « Les écrits en pédopsychiatrie » (les 27, 28, et 29 mars 2017). Ce sera là l’occasion d’associer nos tutelles à nos réflexions sur nos modèles, nos évaluations, nos pratiques et nos transmissions, ainsi que sur nos échanges à partir d’indicateurs et données scientifiques validées.

Enfin, le 4e Colloque d’Éthique, organisé par la Faculté de Médecine Paris- Descartes et l’IMM les 30 et 31 mars prochains nous permettra de parler de maltraitance (éduquer, soigner, protéger).

Non, vraiment : les pédopsychiatres français ne peuvent admettre d’être taxés d’incompétence et de désintérêt pour l’évolution de leur discipline !

Et, plutôt que de perdre du temps et de l’énergie à contrer des attaques aux soubassements idéologiques (et financiers ?) questionnables, il nous appartient de continuer à réfléchir et à témoigner sur les parcours de soins en pédo-psychiatrie et de faire des propositions en ce sens à nos tutelles.

La revue Perspectives Psy s’inscrit résolument dans cette démarche.

Liens d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.


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