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Editorial
Numéro
Perspectives Psy
Volume 46, Numéro 4, octobre-décembre 2007
Page(s) 317 - 318
Section Editorial
DOI https://doi.org/10.1051/ppsy/2007464317
Publié en ligne 15 octobre 2007

L’actualité de cette année 2007 est tumultueuse pour nous psychiatres mais aussi pour les patients et leurs proches. Le public, les hommes politiques, les événements nous interpellent sous l’aune de faits divers ou de modifications événementielles de l’organisation des soins et des législations qui l’encadrent. L’été a été chaud et marqué par l’importante mobilisation autour de la tentative de modifier la législation concernant les hospitalisations sous contraintes, la création d’hôpitaux prisons, et maintenant cet automne de la nécessité de juger les fous, l’hiver va être rigoureux, un vent glacial souffle sur la psychiatrie.

Qu’en est-il de la psychiatrie, du rôle de psychiatre et de sa fonction ?

Comment parler de la psychiatrie et d’essayer de la définir ?

Ces interrogations nous invitent à proposer ces modestes réflexions.

La psychiatrie est, au quotidien, définie comme “une discipline médicale et qui en tant que telle, tient tant de l’art que de la science” comme le rappelle Edgar Morin. Elle a pour objet de prévenir, diagnostiquer et soigner les maladies mentales, d’organiser les soins tout en se préoccupant de leur moyens et des interactions entre l’individu, son histoire, son environnement et ses proches. La psychiatrie se retrouve ainsi au carrefour de plusieurs champs au sein de la société en ce qu’on lui demande aussi entre autre de décrire, comprendre, d’expliciter les comportements des individus dans la société et d’en faire le lien entre le normal et le pathologique. Ces différents registres ainsi que la place, la fonction de la psychiatrie interpellent la représentation qui en est faite et qui s’est modifiée au cours de l’histoire et des besoins de la société. Elle pourrait être opposée pour certains à la notion de santé mentale et de la définition qui en est faite par l’OMS et restreindrait la psychiatrie à l’action la plus stricte de traitements centrés sur les pathologies psychiatriques les plus délimitées et restrictives. Sans ignorer qu’un individu souffrant peut rencontrer différents intervenants dans le champ de la santé dite mentale, la psychiatrie n’est pas pour autant simplement centrée dans un ensemble déterministe de traitements biomédicaux mais reste plus généraliste et polyvalente, en proposant une vision humaniste soignante et globale. Ainsi, ces deux ensembles, fonctions des représentations véhiculées par ceux qui les pratiquent ont à faire dans une complémentarité et une synergie au service de la prévention et du soin de la souffrance humaine, l’un n’étant pas l’autre.

Le bouillonnement social, la surmédiatisation événementielle interpellent sans cesse les psychiatres non sans qu’il leur soit demandé un avis, voire une extrapolation hors champ d’une problématique marquée par un comportement déviant ou une agitation incontrôlée. À la fois expert, clinicien, soignant, prescripteur et organisateur, le retour du contrôle social n’est pas le moindre embarras dans lequel le psychiatre est invité à prendre place. La situation est critique depuis plusieurs années dans une société où le rôle et la place de chacun se confrontent à moins de solidarité, à une montée de l’individualisme et à des aspects sécuritaires envahissants. Le productivisme et la rentabilité économique résument la mesure du quotidien où ce qui fait lien entre les humains est distendu, fragilisé.

J’en appelle à tous pour une mobilisation autour de ce qui fonde nos pratiques, le sens que nous y donnons et la poursuite de ce qu’est la psychiatrie, le rôle et la fonction des psychiatres dans une société en mouvance. Nous en sommes, nous y serons, nous la construisons ensemble.


© EDK, 2010

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