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Perspectives Psy
Volume 44, Numéro 5, décembre 2005
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Page(s) | 339 - 340 | |
Section | Dossier | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2005445339 | |
Publié en ligne | 15 décembre 2005 |
L’hypnose et l’hypnothérapie aujourd’hui
Hypnosis and hypnotherapy today
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Psychiatre, praticien d’exercice libéral 6, rue Daubigny, 75017 Paris, France
2
Docteur en Psychologie clinique, Hypnothérapeute, Membre du Groupement pour l'Étude et les Applications Médicales de l'Hypnose (GEAMH) CHU de Bicêtre, Unité Douleur et Soins Palliatifs 78, rue du général Leclerc, 94275 - Le Kremlin Bicêtre Cedex, France.
Nous avons choisi de nous interroger dans ce dossier sur le regain actuel que semble connaître l’hypnose à plusieurs niveaux. En dehors de l’agitation médiatique, de la versatilité des modes, des fugaces engouements passionnels, y a-t-il une réelle consistance à cette effervescence ? Les praticiens réunis dans ce numéro de Perspectives Psy sont thérapeutes, et leurs réflexions sur l’hypnose sont intrinsèquement liées à son utilisation en clinique. Il s’agit donc dans le même mouvement de tenter d’approcher l’hypnose et l’hypnothérapie, d’en saisir l’étendue et les contours et de se confronter parfois à son aspect insaisissable tout autant qu’à cette omniprésence. En effet, l’hypnose n’est-elle pas la « mère de toutes les psychothérapies » et pourtant combien ont voulu l’en exclure… Pour user d’une métaphore, disons que si l’hypnose était un représentant de commerce tenace , elle serait de ceux qui entrent par la fenêtre quand on les chassent par la porte et qui s’installent chez vous sans en avoir l’air ; et ce pour qu’à un moment, de guerre lasse, vous puissiez lâcher prise et vous laisser aller sans réserve à ce qu’elle peut vous apporter. Et alors un beau jour, vous vous sentez différent, et vous n’avez pas besoin de savoir pourquoi, ni comment…
Concédons toutefois que si cette métaphore pourrait facilement être utilisée en clinique, elle n’a cependant que peu de valeur scientifique en soi et n’est pas assez rigoureuse pour « saisir » et comprendre le phénomène « hypnose ». Nous avons besoin de comprendre, d’expliquer, de transmettre et, de plus en plus, d’évaluer, de distinguer ce qui est efficace de ce qui ne l’est pas, d’en mesurer le coût. Mais l’hypnose peut-elle entrer dans ces frontières de pensées ? Se situer face à l’hypnose n’est pas aisé. Chertok et Stengers [1] ont même estimé qu’elle suscite une « blessure narcissique » responsable de son rejet. Sa singularité serait d’être moins un fait en attente de théorie qu’un fait mettant en question la position de jugement sur la réalité qu’une théorie vise à instituer. Pour un phénomène difficile à définir, il est curieux de constater que tout à chacun a son mot à dire comme s’il s’agissait d’une croyance et non d’un fait. C’est que, comme nous le montre D. Michaux, la représentation sociale de l’hypnose influence fortement sa connaissance et sa pratique et contraint l’hypnothérapeute à en tenir compte afin d’appréhender de façon plus pertinente ses réactions comme celles de ses patients. D’un point de vue diachronique et historique, A. Bioy resitue l’évolution de la place de l’hypnose dans les pratiques psychothérapiques et en envisage les conséquences pour la profession de psychologue. Pour faire suite, P.H. Keller réunit placebo et hypnose sous le sceau de la relation à qui il donne le statut de principe actif commun. Par une approche anthropologique, Thierry Melchior montre comment l’approche constructiviste de la thérapie vient rompre le mythe qui avait au XIXe siècle assigné sa place à l’hypnose. C. Wood, A. Bioy, C. Cunin-Roy appliquent l’hypnose à l’enfant douloureux et abordent les études récentes sur les effets cérébraux de l’hypnose tels que les révèle l’imagerie cérébrale. H. Sitbon donne à l’enfant comme à ses parents l’expérience de la métaphore du magicien qu’il utilise comme une introduction au changement dès la première rencontre. Ensuite, F. Roustang, en répondant de manière concise à nos questions, nous conduit à une nouvelle définition possible de l’hypnose utile pour l’hypnothérapeute : l’hypnose est un processus qui guide le sujet suivant une induction, d’un mode de perception ordinaire qu’il emploie dans sa vie ordinaire vers un nouveau type de perception, « la perceptude ». Le sujet peut y expérimenter, comme d’un brassage généralisé, une prise en compte globale de tous ses liens avec le monde et remettre son symptôme en circulation pour l’y dissoudre. Enfin, G. Brosseau apporte aux mêmes questions l’éclairage de sa longue et riche expérience.
Références
- Chertok L, Stengers I. L’hypnose, blessure narcissique. Collection Les empêcheurs de penser en rond. Paris : Institut Synthelabo,1990. [Google Scholar]
© EDK, 2010
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