De l’expérience de la grossesse chez des femmes ayant souffert de troubles des conduites alimentaires : une étude qualitative

Pregnancy experience among women with eating disorders: a qualitative study

¹ Psychiatre, MD, Institut Mutualiste Montsouris, service de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune, 42, boulevard Jourdan, Paris 14, France
² Psychiatre, MD, Centre hospitalier Montperrin, Service de psychiatrie de l’adolescent (Oxalis), 13100 Aix-en-Provence, France
³ Psychiatre, MD, Institut Mutualiste Montsouris, service de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune, 42, boulevard Jourdan, Paris 14, France
⁴ Pédopsychiatre, PHD, Institut Mutualiste Montsouris, service de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune, 42 boulevard Jourdan, Paris 14, France

^a isabelle.nicolas@imm.fr
^b adapicard@icloud.com
^c claire.lamas@imm.fr
^d maurice.corcos@imm.fr

Résumé

Les femmes enceintes souffrant de troubles des conduites alimentaires (TCA) ont le plus souvent une régression des symptômes pendant la grossesse, mais avec une aggravation fréquente dans le post-partum, ce qui ne sera pas sans effet sur la rencontre avec le bébé à venir.

L’objectif de cette étude a été d’évaluer l’expérience de la grossesse chez des femmes concernées par un trouble des conduites alimentaires (TCA) afin de mieux déceler les enjeux subjectifs que ces femmes identifient à cette période, en la comparant à celle de femmes n’ayant pas de TCA. 21 femmes enceintes, dont 11 concernées par un TCA actuel ou ancien, et 10 issues d’un groupe contrôle, ont été évaluées à partir d’un entretien semi structuré abordant leurs représentations de la grossesse en cours, l’évolution des relations affectives, et la perception des modifications corporelles. Les entretiens ont fait l’objet d’une analyse qualitative sur une base phénoménologique.

Dans notre étude la grossesse est plus déstabilisante dans le groupe TCA, les patientes de ce groupe ayant une meilleure capacité de verbalisation, mais avec une charge émotionnelle intense associée à un besoin de contrôle.

On observe ainsi un double mouvement de fragilisation et d’actualisation des conflits psychiques, ce qui nous amène à faire l’hypothèse qu’elles pourraient être à la fois plus fragiles et plus accessibles aux soins, étant donné qu’elles gèrent moins leurs angoisses en convoquant le symptôme alimentaire.

Abstract

Pregnant women who are suffering from Eating disorders (ED) are known as having lower level of symptoms during pregnancy, but the disease increase after childbirth and this will have consequences on the mother-child link.

The objective of this study was to assess the experience of pregnancy among women with an accurate or past ED. We wanted to identify the subjective stakes that pregnant women can perceive, comparing to pregnant women without any ED. 21 woman with an accurate or past ED, and 10 woman from a control group, ere assessed by a semi-structured interview focusing on mental representations about there pregnancy, the evolution of affective relations, and the perception of their body changes. We analyze the narratives using interpretative phenomenological analysis.

In our study, pregnancy destabilizes more women in ED group than the others: women from the ED group can speak more easily, but with an increasing emotional charge and a strong need for controlling.

We observe that the women from ED group are more fragile with an actualization of psychic conflicts. So we make hypothesis that they could be more easily helped because they manage anxiety in a different way during pregnancy, that is to say without increasing eating disorders symptoms.