Approche psychodynamique du trouble déficitaire de l’attention-hyperactivité (TDAH), à partir de l’observation clinique

Attention deficit hyperactivity disorder: a psychodynamic approach derived from clinical observation

Psychiatre, praticien hospitalier dans le service de psychiatrie du Dr V. Mahé, secteurs 11 et 12, Centre Hospitalier de Meaux (77100), et praticien attaché à la Clinique de l’Attention du service de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du Pr D. Cohen, à la Salpêtrière (CASPEA-GHPS). Psychanalyste membre de l’Association lacanienne internationale 1, place de la Nation, 75011 Paris, France

^* acondat@free.fr

Résumé

À partir de l’observation clinique d’enfants souffrant d’un « trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité » (TDAH) tel que défini par les critères du DSM-IV-R, nous avons tenté de mettre en évidence un fonctionnement psychique spécifique, et donc de notre place d’analyste, un rapport spécifique du sujet au signifiant. Prenant appui sur les thèses de Freud et de Lacan, nous avons pu dégager une certaine organisation du rapport à l’objet et à la jouissance d’un sujet qui, bien qu’advenu, s’en serait retourné, de n’avoir pas pu continuer à parler. L’enfant ne pourrait se tenir comme sujet parlant, incapable de soutenir le rapport au manque dans un ordre symbolique. La fragilité symbolique du discours ambiant y a sans doute contribué, des objets à consommer ont pu combler le manque. Le TDAH nous apparaît comme une manifestation d’îlots de jouissance Autre en lien avec une faille dans la mise en place de l’identité subjective chez l’enfant. L’enfant est « ailleurs », hors champ de la relation, hors sens. Évoluant prisonnier dans des jeux de miroirs, il rejoue une scène dans laquelle, par le passé, il a pu par le mouvement se saisir en une image prise dans le langage. Mais s’il rejoue cette scène c’est sans attente, sans demande, sans adresse à l’autre. La question est alors cruciale de quel genre de miroir l’autre va se révéler.

Abstract

In keeping with the clinical observation of children suffering from Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD) as defined by DSM-IV-R we tried to unveil a psychic functioning specific to this condition. That is to say with respect to the psychoanalytic stance, a specific relation of the subject to the signifier. Deriving our thesis from Freud and Lacan works we delineated the structure of the relationship between the object, the jouissance and the subject, the latter, although come through, would have gone back, not being able to go on speaking. The child could not stand himself as a speaking subject, unable to withstand the relationship to the lack within the symbolic order. The symbolic fragility of the ambient speech has probably taken its own part. In addition, objects to be consumed might have contributed to cover the lack. ADHD appeared as the expression of islets of jouissance Other related to impairments in the child’s subjective identity processes. The child is somewhere else, outside the field of the relationship, in a meaningless area. Passing through mirror games as a prisoner he is playing again a scene in which he has been able in the past, to seize himself through motion as an image connected with language. But, while replaying the scene, he is bearing neither expectation, nor request or address toward the other one. The crucial issue would then be to know which kind of mirror the other one will revealed himself to be.