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Editorial
Numéro
Perspectives Psy
Volume 44, Numéro 1, janvier-mars 2005
Page(s) 5 - 5
Section Editorial
DOI https://doi.org/10.1051/ppsy/2005441005
Publié en ligne 15 janvier 2005

Il y a 40 ans que j’ai fait une recherche sur L’enfant de six ans et son avenir, dont les premiers résultats ont été publiés aux PUF [1]. J’avais alors montré l’inutilité d’une mesure de redoublement pur et simple. En particulier, un enfant qui n’a pas appris à lire au cours préparatoire doit faire l’objet d’un examen psychologique approfondi et de mesures pour l’aider individuellement dans ses difficultés. Croire que, en redoublant sa classe, il ne rencontrera pas les mêmes difficultés parce qu’il a un an de plus, est un leurre. À l’époque où ce travail fut réalisé, les statistiques, portant sur notre cohorte de 66 enfants aussi bien que sur la France entière, montraient que 50 % seulement des écoliers français effectuaient leur cursus scolaire élémentaire en 5 ans (dont quelques-uns en 4 ans) ; 33 % avaient redoublé une classe, 17 % deux classes. Les enseignants furent étonnés d’être confrontés à ces chiffres, car, dans leur classe, chaque année, ils n’avaient que quelques élèves qui redoublaient ; ils ne voyaient pas l’effet cumulatif sur l’ensemble du cursus primaire. Mon travail suscita beaucoup d’intérêt et, pour l’anecdote, me valut même d’être décorée de l’Ordre du Mérite par le Ministre de l’Éducation nationale. La suite du travail, L’enfant de six ans devenu adolescent [2], montra que seuls ceux qui avaient bien appris à lire et à écrire au cours préparatoire devenaient bacheliers, à moins qu’on ne se soit occupé activement de l’enfant dès l’apparition de ses difficultés. Le redoublement per se n’a aucun effet bénéfique. Au Collège et au Lycée, le redoublement est souvent une réponse, non au manque de capacités de l’élève, mais à son désintérêt pour les études. Comment peut-on croire que, en se contentant de faire répéter la classe, on va susciter un intérêt nouveau ? Seul un changement de pédagogie peut le faire. On est hanté par les « lacunes » qui se sont constituées. Mais, depuis des décennies, on a proposé dans d’autres pays d’autres solutions, par exemple au Canada : on programme pour l’élève des enseignements différents en fonction du niveau qu’il a dans chaque matière. Un certain nombre d’adolescents me sont redevables de n’avoir pas redoublé et d’avoir obtenu leur baccalauréat, parce que j’ai persuadé les parents de chercher une nouvelle pédagogie, quitte à changer d’établissement. Le redoublement est financièrement coûteux pour l’Éducation nationale. L’argent serait dépensé à meilleur escient pour un travail pédagogique. Le redoublement est la solution de facilité, la pédagogie la voie difficile.

Références

  1. Chiland C. L’enfant de six ans et son avenir. Paris : PUF, 1971. [Google Scholar]
  2. Chiland C. L’enfant de six ans devenu adolescent. Revue de Neuropsychiatrie Infantile 1978 ; 26 (12) : 697-707. [Google Scholar]

© EDK, 2010

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