François Douche nous a quittés le 8 janvier 2020. Il est parti discrètement, comme si c’était ancré dans son caractère : François était un homme discret et modeste, mais derrière cette discrétion se cachait de l’audace, un grand travailleur qui avait une vision moderne de la pédopsychiatrie, une grande culture et une grande gentillesse et bienveillance.

Sa carrière

Après l’internat des hôpitaux psychiatriques de la Seine, il a pris un poste d’adjoint dans le service du Docteur Delteil à l’hôpital de Maison Blanche. Il a ensuite passé le psychiatricat et été nommé en 1975, à l’hôpital général de Cholet, chef de service d’un secteur de psychiatrie infanto-juvénile qui n’existait pas encore. Tout était à construire ! Il aimait raconter son arrivée à Cholet et le travail acharné qu’il a dû mener pour que le secteur de pédopsychiatrie qui n’existait que par une circulaire de 1972 prenne son essor. Dans son vaste secteur du Maine-et-Loire, entre 1975 et 1982, il a réussi, à partir de rien, à organiser la psychiatrie de liaison en pédiatrie, à créer un hôpital de jour et plusieurs centres de consultations (CMP) qu’on appelait alors « Centres de Guidance Infantile ». Il a également présidé une association de prise en charge des délinquants et occupé des fonctions de responsabilité à la CME de l’établissement.

En novembre 1982 il est nommé chef de service du secteur 93I03 – on disait alors intersecteur – à Ville-Évrard, poste qu’il occupera jusqu’en 2002. Il prendra sa retraite en septembre 2003. La précédente cheffe de service, le Dr Nicaise, avait créé le secteur et ouvert une unité d’hospitalisation d’enfants : La Nacelle ainsi que des CMP dans ce vaste secteur de Seine-Saint-Denis, comportant 8 communes : Les Lilas, le Pré-saint-Gervais, Romainville, Noisy-le-Sec, Pantin, Bobigny et Montreuil, municipalité auprès de laquelle il sera très engagé. Il poursuivra le développement de l’équipement de ce secteur avec notamment la création en 2000 d’un hôpital de jour pour enfants au pavillon Régis. Il déploiera des liens solides avec les partenaires sociaux et le service de pédiatrie de l’hôpital André Grégoire de Montreuil où il ouvrira en 2001 une unité d’hospitalisation psychiatrique pour adolescents, l’Unité Ados 93. Il lancera enfin le projet de création d’une Unité de Psychiatrie Périnatale, qui a vu le jour après sa retraite dans un bâtiment situé en face de l’Hôpital André Grégoire. Il sera également très actif au sein de la communauté médicale de Ville-Évrard et où il a été président de CME de 1986 à 1989.

Ses engagements

François Douche était un homme engagé et apprécié de ses collègues, il a rejoint parmi les premiers plusieurs associations professionnelles importantes.

Il était engagé sur la plan syndical et membre du Syndicat des Psychiatres de Hôpitaux; il assistait régulièrement aux congrès de son association scientifique.

Pionnier de la pédopsychiatrie publique de secteur il avait à cœur de mettre en œuvre les avancées de la circulaire de 1972, dite circulaire Misès, autant sur le terrain à Cholet qu’au sein de l’Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénile (API) dont il fut un des fondateurs aux côtés de Jacques Constant, Jean-Paul Thévenot, Paul et Michelle Wiener, et Gérard Bourcier. Dans les années 1990, pour défendre la psychiatrie publique, il fut un des rédacteurs du cahier des charges de la psychiatrie infanto-juvénile qui sera publié dans la revue Perspectives Psy.

François Douche, sans être psychanalyste luimême, avait une formation psychanalytique et il était un excellent clinicien avec une vision psychodynamique de la pathologie mentale de l’enfant. Sa sensibilité aux problématiques psychopathologiques les plus complexes le rendait particulièrement accessible aux personnels soignants. Il manifestait des qualités relationnelle remarquables avec ses patients de toutes les tranches d’âge de l’enfance à l’adolescence ainsi qu’avec leurs parents.

Comme François Douche m’avait introduit au GEPPS et à la revue Perspectives Psy je me fais le porte-parole du comité de rédaction pour lui rendre hommage : François, tu étais un compagnon de route remarquable dans ce voyage pédopsychiatrique. Nous ne t’oublierons pas.

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