Figures du corps et miroirs du narcissisme, les textes rassemblés dans ce second numéro de l’année nous parlent du corps mis en scène ou masqué. Le numéro s’ouvre avec l’étude d’Alice Lebailly. Exposant l’œuvre de Marina Abramovic et Gina Pane, elle nous introduit dans l’univers du Body Art. Sur la scène, le corps à la fois capturé et malmené est jeté hors de ses limites dans un mouvement qui sollicite l’autre, inévitablement et fortement. Avec l’autre figure du corps analysée par Almudena Sanahuja et Patrice Cuynet, aux prises avec l’obésité, le sujet se place à distance de l’autre, mettant de l’avant un « moi-peau nébuleux » qui estompe les interfaces relationnelles. Papa Lamine Faye, Sokhna Seck et Mamadou Habib Thiam nous racontent ensuite l’histoire de Coumba où le corps aux frontières du visible et du social est le théâtre de conflits conjugaux et familiaux. Poursuivant la question du narcissisme dans le champ du virtuel où le corps est masqué ou déguisé, Maël Le Bourlot nous entraîne dans les réseaux sociaux, guettant l’émergence d’une intersubjectivité qui pourrait abandonner son statut virtuel pour s’actualiser. Annamaria Pietrocola, Jean-Pierre Verrier et Paola Carbone nous proposent une expérience en direction des adolescents à rencontrer dans leur lieu de vie ordinaire, l’école. Le corps y est porté à l’infirmerie pour mieux y blottir ses souffrances psychiques. Nous invitant à nous délocaliser pour aller vers ceux qui voyagent sans domicile fixe, Franck Mathieu, Grégory Charreton et Colette Pitici présentent une réélaboration « urbaine » du squiggle winnicottien comme espace de construction d’un nouvel accordage affectif avec le patient. Enfin, Pascal-Henri Keller, renouvelant la réflexion sur le phénomène placebo, nous rappelle que tout acte thérapeutique est fondamentalement relation, même quand il semble en première apparence ne s’adresser qu’au corps biologique.

C’est ensuite au tour de Gilles Tréhel, en évoquant la figure disparue de Victor Tausk (1879-1919), de relancer la discussion clinique sur les rapports entre psychoses et syndrome post-traumatique. Débat doublement d’actualité, dans la littérature internationale (Kastelan, 2007) comme dans l’actuel des engagements militaires français (Andruétan, 2010). Plaidant pour que l’inégalité devant la vie ne se double d’une inégalité devant la mort, Jean-Pierre Klein lève le voile sur les soins palliatifs et attire notre attention conjointe sur les enjeux de volonté, de dignité et de souffrance en fin de vie. Enfin, après avoir fait le point sur le plagiat dans le précédent numéro, Alain Dervaux rassemble pour nous un aperçu multiculturel sur les conflits d’intérêts mis en jeu en recherche.

Références

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