Partir en mer : entre disparition et renaissance

Sailing the seas, disappearing and returning to life

¹ Psychologue clinicienne, Docteur en psychologie, Service de psychologie de la Marine, Brest, France
² Professeur émérite de psychopathologie, Université de Bretagne Occidentale, Directeur de recherches, Centre de recherches en psychanalyse, médecine et sociétés, Université Paris 7Denis Diderot, Paris, France
³ Psychiatre, Professeur agrégé du Val-de-Grâce  

^a christelle.ferraty@wanadoo.fr
^b pradodeoliveira@free.fr
^c patrick.clervoy@wanadoo.fr

Résumé

Le marin est un être qui non seulement oscille entre deux mondes, la mer et la terre ferme, mais qui, naviguant au loin, disparaît de la surface de la terre tout en renaissant à la vie par un sentiment de plénitude absolue. L’étude des échanges épistolaires et des œuvres respectives de Sigmund Freud et Romain Rolland, dont la correspondance a porté, pour une partie d’entre elle, sur l’existence chez l’homme d’un sentiment dit océanique, nous a permis d’élaborer des hypothèses autour de ce thème. Romain Rolland décrit l’existence chez l’homme d’un sentiment spécifique, qu’il relie à un phénomène d’ordre mystique, alors que Sigmund Freud, l’abordant sous un angle psychanalytique, le rattache au lien primordial qui unit l’enfant à sa mère, en faisant ainsi l’expression résiduelle du narcissisme primaire.

Abstract

The sailor is a being who not only travels between two worlds, the sea and the land, but also a being who disappears from the surface of the earth while navigating far off and who is brought back to life by a feeling of absolute plenitude. We made a series of hypotheses based on the study of the correspondences and the masterpieces of both Sigmund Freud and Romain Rolland, which partly deal with the existence in Man of an oceanic feeling. Rolland describes the existence in Man of a peculiar feeling, connecting him with a phenomenon of mystic nature, whereas Sigmund Freud refers to the psychoanalytical position, seen as the link between the mother and her child, expressing then the residual expression of the primary narcissim.