Numéro |
Perspectives Psy
Volume 47, Numéro 4, octobre-décembre 2008
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Page(s) | 319 - 320 | |
Section | Après le suicide, l'entourage entre crise et accompagnement | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2008474319 | |
Publié en ligne | 15 octobre 2008 |
Avant-propos : Après le suicide : l’entourage entre crise et accompagnement
Foreword: After suicide: family and friends between crisis and support
Professeur de Psychiatrie, Correspondant de l’Académie de Médecine, Professeur des Universités, Praticien Hospitalier, Université Paris VI, Chef de Service, CHU Pitié-Salpêtrière 47, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France.
Michel Hanus me fait le grand honneur de me demander d’écrire l’avant- propos de cet exceptionnel dossier thématique de Perspectives Psy consacré à l’entourage après suicide. Je le dois à mon implication dans le projet de Conférence de Consensus avec la Fédération Française de Psychiatrie à laquelle nous travaillons.
Chacun sait que Michel Hanus s’intéresse à ce sujet depuis les années 1960 et que personne mieux que lui n’a exploré les facettes multiples de ces questions dont on a longtemps sous estimé l’importance, tant la psychiatrie classique portait son attention sur l’individu sans s’interroger plus avant sur l’impact délétère des pathologies psychiatriques sur les entourages quels qu’il soient, le couple, la famille, la fratrie, le milieu professionnel ou autre.
Michel Hanus aura dans ce domaine été un précurseur puisque la psychiatrie actuelle se focalise de plus en plus sur l’entourage des malades et développe une réflexion importante sur ceux qu’on a pu appeler pour certaines pathologies, les « aidants ».
Certes les approches systémiques s’intéressent depuis toujours aux interactions dans le groupe familial ou social, mais hors du domaine du suicide.
Ce dossier thématique commence par un rappel très clair de Jean-Louis Terra et Michèle Pacaut-Troncin sur les différentes facettes du suicide, véritable meurtre de soi qui met l’accent sur le sujet constitué comme sa propre victime, mais qui vise à travers lui, et en tout cas atteint toujours l’entourage et le laisse meurtri et endeuillé.
Guillaume Vaiva analyse ensuite avec une grande finesse comment l’entourage du suicidant se trouve interpellé et va jouer un rôle freinateur, facilitateur ou déclencheur du geste suicidaire. Il s’interroge sur le fait de savoir si l’entourage peut être accompagné et préparé à son rôle.
Xavier Pommereau part de la clinique de l’adolescent pour montrer comment la prévention du suicide passe par tout ce qui favorise la construction et la reconnaissance identitaire. Il fait la proposition de rencontres familiales ou de groupes de parents une modalité d’aide à proposer dès que possible pour faire face à la crise suicidaire.
Brian Mishara et Janie Houle montrent l’importance de l’investigation et de l’intervention auprès des proches en renforçant le « filet de sécurité » autour de personnes en détresse et en limitant l’épuisement de l’entourage. Ils considèrent à juste titre que celui ci possède un potentiel d’intervention souvent sous estimé qu’il faut impérativement utiliser.
Michel Hanus estime quant à lui que plusieurs centaines de milliers de français sont concernés et si l’on peut dire touchés par un deuil de ce type puisque environ six personnes proches en moyenne sont frappés de plein fouet par tout suicide.
Il insiste sur la spécificité controversée mais très singulière de ce type de deuil toujours traumatique en particulier en raison du caractère quasi définitivement inacceptable car ressenti comme une amputation. Il décrit avec une grande minutie les particularités sémiologiques de ce type de deuil et montre à quel point nous manquons de la formation nécessaire à l’accompagnement des endeuillés et plus particulièrement des endeuillés par suicide.
Christophe Fauré explique alors en quoi la mort par suicide n’est pas une mort ordinaire en particulier pour ce qui est du questionnement autour du sens de l’acte et de la responsabilité. On lira avec un grand intérêt ce qu’il propose comme modalités de soutien aux différents temps évolutifs sachant que l’enjeu majeur du travail de deuil, et en particulier du deuil post-traumatique, tourne autour de la restauration voire la reconstruction identitaire de l’endeuillé.
Dolores Castelli et Monique Seguin développent quant à elles une description détaillée de l’ensemble des besoins des endeuillés et des différents domaines au niveau desquels il est indispensable de les soutenir avec toute une palette d’offres directes et indirectes, de sensibilisation, voire de formation qui forment de véritables programmes de post-prévention encore trop peu développés en France.
Enfin, Karl Andriessen nous présente le programme mis en place par le groupe de travail flamand en Belgique qui combine de façon très intéressante tout un ensemble de moyens coordonnés présentés comme préparant une nouvelle politique de prévention du suicide dans la région flamande.
Il est intéressant de noter le grand intérêt que prend, à la fin de cet article qui clôt dossier thématique de Perspectives Psy, la « Charte des Droits des Endeuillés après suicide » qui fait la synthèse des principes de base élaborés en 2002 et se termine sur le droit de ne plus être jamais comme avant. Il y a une vie avant le suicide d’un proche et une vie après.
© EDK, 2010
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