Accès gratuit
Editorial
Numéro
Perspectives Psy
Volume 46, Numéro 1, janvier-mars 2007
Page(s) 7 - 8
Section Editorial
DOI https://doi.org/10.1051/ppsy/2007461007
Publié en ligne 15 janvier 2007

Avec 2007, une quarante-cinquième année s’ouvre pour Perspectives Psy. Les forces vives de l’équipe éditoriale se renouvellent. Antoine Bioy, Maître de Conférences en psychologie, se joint à l’équipe comme secrétaire de rédaction. Bertrand Welniarz, président du GEPPS, poursuivra son travail de rédacteur en chef adjoint tandis que Jacques Fortineau et Pascal Richard, anciens rédacteurs en chef, continueront à nous apporter leur expérience. Jacques Fortineau agira tout spécialement pour enraciner et maintenir les liens étroits de la revue avec les travaux de nos Associations et instances professionnelles. François Flori (éditions EDK) continuera à officier pour produire les numéros de la revue avec la qualité que nous leur connaissons. Et enfin, nouvelle et bien venue dans cette équipe élargie, Béatrice Redondo (EPSM PSPH La Nouvelle Forge) s’occupera plus particulièrement de la corres­pondance et de la bonne marche des nouveaux outils informatiques mis en place par David Julie pour optimiser la coordination entre les auteurs et le comité de rédaction de la revue.

Il nous faut tout d’abord remercier et rendre hommage au Docteur Pascal Richard qui de 1999 à 2006 a assumé les fonctions de rédacteur en chef. Huit années pendant lesquelles notre confrère, à l’écoute des auteurs comme des collègues du comité de rédaction, a su concilier la créativité des premiers et les exigences éditoriales des seconds. Poursuivre son action impose donc d’aborder cette tâche avec patience et modestie. Vigie et timonier affrontant gaillardement la houle des débats qui agitaient la discipline, Pascal Richard a donné au navire le meilleur cap et lui a conservé toute sa vitesse. L’évolution de notre discipline, elle, semble en France tout d’abord obscurcie par des controverses étiologiques. Poussées hors du champ de la clinique psychanalytique des organisations névrotiques, certaines positions, prises notamment sur la part non-relationnelle des troubles de la cognition, soulevaient un débat chez les soignants et l’exaspération parmi les familles de soignés. À distance, en Amérique du Nord puis dans l’ensemble de la communauté anglo-saxonne, l’approche psychiatrique, telle qu’elle s’exprimait à partir du DSM-III, se distanciait de l’étiopathogénie. Ce mouvement, renouvelant le dialogue entre médecine et psychologie, permettait progressivement de revisiter les rapports entre contenus mentaux et symptômes à l’aide de nouveaux outils, clinimétrie, neuropsychologie, génétique et neuro-imagerie. De nouvelles recherches mettaient en lumière une pluralité de déterminants s’ajoutant aux déterminants psychiques mis en lumière auparavant par les travaux analytiques. Le recours aux modèles explicatifs animaux, l’espoir des recherches génomiques, l’emprunt aux disciplines éthologiques, l’application de méthodes comportementalistes au champ de la psychiatrie s’ajoutaient à la variété des traitements médicamenteux pour nous rappeler notre part de psychologie animale et notre appartenance au monde du vivant. Réflexe salutaire, de nombreux praticiens d’orientation analytique forçaient alors le trait pour fuir l’organicisme au risque de maintenir dans l’ombre une clinique du corps. À la fin des années 1990, ce brassage des recherches et des pratiques, cette confrontation d’idées et de vouloirs entre soignants, familles de patients, politiques et journalistes amenaient un raidissement des positions, des oppositions terme à terme, des conflits d’influence et de budgets. Par ailleurs, et sans que ce mouvement ait un lien chronologique avec le débat précédent, des praticiens francophones se sont ouverts aux travaux des psychanalystes britanniques. Ceux qui, à l’instar d’Esther Bick, proposent un regard qui écoute. Dans cette approche, l’histoire sensorimotrice des tout petits et des personnes sans langage verbal est lue comme étant porteuse de sens et d’intention dialogique. Dans le même temps, les progrès de l’épigenèse moléculaire permettait de réintégrer une certaine part d’origine relationnelle dans les troubles psychiques et mentaux par ailleurs pensés comme étant sous influence génétique forte. Sans toutefois que ce mouvement récent ne redonne au déterminisme psychique ses assises au sein de la communauté psychiatrique internationale. En ce début de XXIe siècle, au carrefour des neurosciences et de la psychologie, une autre discipline naissante, les neurosciences cognitives apportent une lecture renouvelée des processus mentaux et un aperçu des conditions de leur production. Mais cette approche est par définition limitée car les contenus mentaux s’élaborent en relation avec autrui ou avec un double spéculaire, et leur nécessaire polysémie reste un fait psychique dont la psychanalyse a montré qu’elle était la voie royale d’analyse. De la rencontre de ces différents courants, s’origine et se continue aujourd’hui un travail constant de réécriture des palimpsestes de la psychanalyse pour redonner au corps sans langage et aux espaces pathologiques de non-sens toute leur place dans les analyses théoriques. L’édito du premier numéro de PP de janvier 1963 signé de notre confrère Claude Le Guen affirmait la volonté didactique de la revue d’aider les praticiens de la jeune discipline psychiatrique à s’orienter dans le dédale des écoles et la pratique clinique. Près de 45 ans plus tard, et dans le contexte des débats théoriques de la psychologie et des sciences du cerveau, n’y aurait-il pas lieu, dans une égale visée didactique, de préserver à côté des méthodes clinimétriques et expérimentales, une pratique clinique qui garantisse au sujet un espace de parole, une psychopathologie où la pathologie puisse être comprise sous l’angle de la vie psychique et non pas seulement du côté des déterminants environnementaux, du donné génétique et de la physiopathologie ? Refuser le murmure lénifiant des nouvelles certitudes, éviter la fausse sécurité des nouvelles pratiques qui font l’impasse sur le débat interne au sujet et sur la culpabilité, et détournent la notion de responsabilité en l’instrumentant. Tels sont nos engagements.

Controverses entre neurosciences et psychanalyse, rapports psychiatrie-justice, EPP, EBM, MDPH, afflux du réglementaire… Coordonné par Bertrand Welniarz et Michel Grappe, le dossier thématique de ce premier numéro 2007 est à la croisée de plusieurs de ces thèmes. En ouvrant ses colonnes aux nombreuses discussions en psychologie et psychiatrie, PP ne fera pas l’économie d’un débat sur la causalité psychique et d’y convoquer la philosophie et l’histoire.

Avec la nouvelle équipe, Perspectives Psy demeure une revue francophone de psychopathologie et de clinique. Le raffermissement de la politique éditoriale voulu par Pascal Richard se poursuivra afin de mieux préparer PP à intégrer les banques de données internationales. Cette ouverture internationale se traduira auprès du lectorat, des auteurs, du comité de lecture mais aussi par la mise sur pied d’un comité scientifique international. Nous renforcerons notre appel aux collègues des pays francophones et à ceux qui souhaitent publier en français. Des partenariats seront étudiés dans les prochains mois avec d’autres revues et sites francophones, avec notamment l’appui d’instances internationales comme l’Association Universitaire de la Francophonie. Enfin, revue créée par les internes, PP se tournera spécialement vers les collègues en début de carrière pour les associer plus étroitement à la marche de la revue.


© EDK, 2010

Les statistiques affichées correspondent au cumul d'une part des vues des résumés de l'article et d'autre part des vues et téléchargements de l'article plein-texte (PDF, Full-HTML, ePub... selon les formats disponibles) sur la platefome Vision4Press.

Les statistiques sont disponibles avec un délai de 48 à 96 heures et sont mises à jour quotidiennement en semaine.

Le chargement des statistiques peut être long.