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Perspectives Psy
Volume 54, Numéro 3, juillet–septembre 2015
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Page(s) | 214 - 221 | |
Section | Articles originaux | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ppsy/2015543214 | |
Publié en ligne | 8 janvier 2016 |
Comment l’interlocution de la rencontre clinique œuvre-t-elle sur la souffrance psychique ?
Interlocution in the clinical encounter impacts the psychological sufferings
PhD., Chercheur au CNRS. École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005, Paris, France
Ni une évaluation des concepts du clinicien, ni une narration des vécus subjectifs du patient, ni une corrélation avec des données objectives, ce qui est proposé ici est une contribution philosophique à la rencontre clinique, soit une investigation de la manière dont la rencontre clinique peut impacter la souffrance psychique. La psychanalyse sera prise pour paradigme d’une discipline qui élève l’interlocution au rang d’une technique : mettant en œuvre un processus de subjectivation par une technique intersubjective, le psychanalyste s’intéresse au sujet dans sa singularité subjective unique, mais il n’oublie jamais que, ce sujet, il ne le rencontre que dans une interlocution intersubjective. Ici, l’hypothèse de travail est que, par l’interlocution, la capture d’un sujet dans sa souffrance intolérablement close sur elle-même peut devenir un appel ouvert à l’autre. C’est par cette ouverture que la souffrance cesse d’être souffrance pure et est métamorphosée en la matière même de la rencontre entre deux sujets. Comment donc rencontrer l’autre ? Comment l’interlocution est-elle possible si l’autre est irrémédiablement autre, si sa souffrance est incommensurable au regard de la mienne ? On ne peut pas surestimer la violence inhérente à cette question, son pouvoir d’exclusion; il faut donc la renverser, et se demander alors : comment rencontrer l’autre serait-il possible, s’il n’était pas autre ? L’altérité de l’autre n’est pas un obstacle à la rencontre, mais au contraire ce sans quoi il ne pourrait y avoir interlocution entre deux sujets singuliers. C’est la puissance thérapeutique d’une telle interlocution qui est étudiée ici.
Abstract
Neither an assessment of the clinician’s concepts, nor a narration of the patient’s subjective experiences, nor a correlation with objective data, what is proposed here is a philosophical contribution to the clinical encounter, i.e. an investigation of how the clinical encounter can impact mental suffering. Psychoanalysis will be taken as a paradigm of a discipline that raises interlocution to the rank of a technique: implementing a process of subjectivation by an intersubjective technique, the analyst is interested in the subject in its unique subjective singularity, but never forgets that, this subject, he encounters him only in an interlocution. Here, the working hypothesis is that, by the interlocution, the capture of a subject in a suffering intolerably close on itself can become a call open to another. It is through this opening that suffering ceases to be pure suffering and is transformed into the very matter of the encounter between two subjects. How then encountering another? How is interlocution possible if the other is irremediably other, if his suffering is immeasurable in regard to mine? One cannot overestimate the violence inherent to this question, its power of exclusion; so we shall invert it, and then ask: how would encountering another be possible, if he was not other? The otherness of the other is not an obstacle to the encounter, but rather that without which there could be no interlocution between two singular subjects. It is the therapeutic power ofsuch interlocution that is studied here.
Mots clés : psychanalyse / philosophie / parole / souffrance / individualité
Key words: psychoanalysis / philosophy / speech / suffering / individuality
© GEPPSS 2015
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